Lancé au Salon de l’agriculture le 1er mars 2024, le Grand défi biocontrôle et biostimulation pour l’agroécologie (GDBBA) soutient la recherche et le déploiement d’alternatives aux produits de synthèse, pour la protection des cultures et leur fertilisation. Doté d’un budget de 60 millions d’euros – 42 millions d’euros de subvention et 18 millions d’apports privés –, le GDBBA est animé par l’Association biocontrôle et biostimulation pour l’agroécologie (ABBA), qui réunit 130 membres. Sa directrice, Delphine Paul-Dauphin, a été nommée en février 2024.
Pourquoi parler de « défi » ?
Produire pour assurer notre souveraineté alimentaire, entretenir les espaces végétalisés et nos infrastructures sensibles à la végétation (voies ferrées, gazoducs…), et ce sans recourir à des produits progressivement retirés du marché car néfastes à la santé humaine ou à l’environnement, est en soi un véritable défi. Découvrir, commercialiser et déployer des alternatives à ces produits est un autre défi. Les solutions de biocontrôle et les biostimulants figurent parmi ces alternatives. En combinaison avec les autres leviers de l’agroécologie, leur mise au point et leur déploiement concernent et impliquent tous les acteurs de la chaîne de valeur. Mais comment permettre en particulier aux chercheurs et aux entrepreneurs d’interagir pour y parvenir ? Comment concevoir et mettre au point de nouvelles solutions ? Comment réduire la prise de risque des producteurs agricoles qui essaient ces nouvelles solutions ? Le GDBBA offre trois réponses à ces questions.
Coordonner toutes les initiatives publiques et privées dans les domaines du biocontrôle et de la biostimulation
L’association ABBA créée en juillet 2023 a pour ambition de structurer la communauté des acteurs publics et privés du biocontrôle et de la biostimulation, toute la chaîne de valeur agricole et au-delà toutes les parties prenantes concernées. Son but est d’animer ce collectif pour permettre à tous de s’engager dans la durée pour catalyser la recherche et son déploiement sur les défis précités. Son conseil d’administration est composé de huit collèges pour représenter toutes les familles d’acteurs : l’enseignement et la recherche, les fabricants et metteurs en marché de solutions, les fournisseurs d’autres leviers comme les agroéquipements, la recherche appliquée, les utilisateurs agricoles ou en espaces verts, les transformateurs et distributeurs, les investisseurs et la société civile. Cette mission d’animation s’incarne dans l’axe 1 du grand défi, portant sur le pilotage et la gouvernance.
Organiser le développement et le transfert de ces solutions
À la suite de la validation de sa feuille de route en juin 2024 par le comité interministériel « agriculture et alimentation » de France 2030, l’association ABBA s’est mise à la recherche de compétences et d’initiatives permettant de faire progresser le développement des solutions de biocontrôle et de biostimulation, en s’appuyant particulièrement sur l’expérimentation. Dès 2025, des réseaux de laboratoires et d’acteurs vont ainsi identifier des méthodes et protocoles spécifiques aux mécanismes d’action de ces solutions, accéder à des équipements permettant le développement haut débit, monter des programmes d’essais, partager leurs données et accéder à des espaces de démonstration, d’expérimentation et de co-innovation. Dénommée « infrastructure distribuée » et incarnée par le deuxième axe du grand défi, cette plateforme du biocontrôle et des biostimulants a également pour vocation d’offrir des services sur les enjeux de réglementation. Son guichet unique pourra ensuite s’étendre à d’autres besoins comme la formation, l’enseignement, le conseil.
Les premiers projets de l’axe 2 sont en cours de construction, sur la base d’un appel à idées animé par l’ABBA. Les projets seront ensuite évalués par l’ANR, puis validé par la comité interministériel France 2030 dédié à l’agriculture.
Étudier les besoins de demain et monter des projets sous des formats inédits
Enfin, grâce notamment aux moyens de l’infrastructure distribuée et à cette communauté ouverte d’acteurs, le GDBBA soutiendra des projets allant de la pré-maturation des innovations jusqu’au transfert des solutions aux utilisateurs. Il s’agira notamment de permettre à des entités non académiques de mobiliser de nouveaux modèles d’affaires, avec des combinaisons d’acteurs. Des projets public-privé viseront également à franchir le plafond de verre des parts de marché où stagnent certaines solutions. Le GDBBA cofinancera également une étude prospective sur la place des types de stratégie de biocontrôle et de biostimulation dans les systèmes agroécologiques à très haute durabilité économique, environnementale et sociale. Cette étude aura pour but d’éclairer l’ensemble des acteurs sur les besoins à venir, les types de modèles d’affaires potentiels, l’adéquation entre les types de biocontrôle et biostimulation et les types de filières et de territoires. Ces projets permettant des avancées finalisées utiles au collectif s’incarnent dans le troisième et dernier axe du grand défi.
Ce travail a bénéficié d’une aide de l’État gérée par l’Agence Nationale de la Recherche au titre de France 2030.